Trois rencontres pour transformer une vie

La thématique de la cavalcade des blogs sur « les rencontres » proposée par Cavali’Erre m’a inspirée (c’est rien de le dire). J’y consacre cet article (légèrement prolixe) qui dévoile de façon intime trois de mes rencontres équines et les réflexions associées.

Qu’est-ce qu’une rencontre ? Il peut s’agir d’aller vers quelqu’un ou de trouver par hasard quelqu’un.

La rencontre serait-elle guidée par le hasard ?

Au cours de notre vie, nous sommes amenés à faire de nombreuses rencontres plus ou moins marquantes. Amoureuse inconditionnelle des chevaux depuis la plus tendre enfance, trois rencontres équines ont transformé et continuent de transformer ma vie. Difficile de faire un choix parmi elles, j’ai choisi de vous les présenter toutes. Dans ces récits, j’ai toutefois décidé de concentrer « la rencontre » aux seuls équidés écartant volontairement les humains associés chers à mes yeux.

1) Où l’on apprend que le cheval nous fait grandir en nous montrant la voie, nous aime et nous protège

La première rencontre fut à l’adolescence. Alors que je n’avais que 13/14 ans, n’ayant pas un accès privilégié au monde équestre, j’ai eu une nouvelle qui m’a profondément bouleversée et remplie de bonheur. Un cocher de la ville de Strasbourg me confia une jeune trotteuse réformée des courses alezane répondant au nom de « Via de Sanzieux ». En attendant de l’atteler en binôme en remplacement d’un de ses chevaux devant partir à la retraite, il m’a proposé de m’occuper d’elle. Située juste derrière le lieu de travail de ma mère, je pouvais la voir tous les jours ou presque. J’ajoutais ainsi à la reprise hebdomadaire en club un contact quotidien avec cette jument. Sans pouvoir la monter souvent compte tenu du manque d’installation et d’accès à la nature praticable à cheval, je passais le plus clair de mon temps (des heures et des heures) à la panser, lui parler ou encore l’admirer dans son box ou son pré. Une véritable complicité s’était instaurée entre nous. Je me souviens encore de son hennissement du verger à chacune de mes arrivées et des courses et jeux que nous faisions dans ce même endroit. A la fin de l’été elle se gavait des pommes juteuses tombées des arbres dans le verger. C’étaient des moments d’insouciance, de complicité, de joie et de bonheur partagés. Des moments qui m’ont permis de grandir et de passer le cap difficile de l’âge ingrat de l’adolescence.

Ces moments d’insouciance se sont envolés à la suite d’un épisode terrifiant. Alors que je montais Via, dans un lieu certes peu approprié, des rigolos ont eu la bonne idée de klaxonner et terrifier la jument. Prise de panique, moi la rejoignant très vite dans cet état, elle prit le mors entre les dents et partit au grand galop déterminée à rejoindre son box. Cependant l’accès étant fermé, elle poursuivit sur la route goudronnée toujours à vive allure. Ne sachant que faire et voyant une route à quatre voies s’approcher je décidai de sauter au risque de tomber devant une voiture. Une fois au sol, étourdie, choquée et contusionnée, Via s’est arrêtée aussitôt et a tenté avec de doux mouvements de tête de me relever. Elle est restée calme et à mes côtés jusqu’à ce que l’on vienne s’occuper de nous. La peur alors m’a envahie et ma première réaction fut de m’éloigner d’elle.

Je n’ai compris que bien plus tard, que j’étais dans l’erreur la plus absolue. J’ai lu quelque part que lorsque les chevaux se comportent de la sorte c’est par profond respect et attachement. Nul doute qu’elle m’aimait et moi, en échange, je l’ai rejetée et ignorée. Aujourd’hui, je m’en veux encore de ne pas avoir compris ce message.

« Via »  est un nom prédestiné, il signifie « route » et « voie » en italien. Cette jument m’a montré la voie à suivre pour grandir et malheureusement nos routes se sont séparées sur un malentendu. A chaque fois que je me remémore son souvenir, j’ai des pensées d’amour pour elle. Merci Via de m’avoir montré la voie.

2) Où l’on apprend que le cheval nous aide à concrétiser nos rêves et passer les caps difficiles de la vie

La seconde rencontre fut bien des années plus tard. Elle porte le doux nom de « L’artiste de rêve ». Après des études longues suivies d’une première expérience professionnelle prometteuse et très accaparante à Paris, j’avais décidé de revenir à mes premiers amours et passions : le cheval.

Satisfaire mes supérieurs hiérarchiques, progresser, apprendre et être toujours plus performante étaient mes leitmotivs. J’évoluais dans un secteur où je pouvais remplir ces objectifs mais pas sans y laisser quelques plumes. L’audit et la finance ont la mauvaise réputation de presser les collaborateurs comme des citrons pour en extirper tout le jus.

Aussi pour ne pas avoir l’impression de consacrer ma vie qu’au travail, j’ai commencé par reprendre des cours d’équitation en club à raison d’une reprise par semaine. Au bout de deux mois, j’ai croisé par hasard la route d’un bel hongre bai selle français : « L’artiste de rêve ». Il m’a de suite plu. J’ai réalisé avec lui mon rêve d’enfant : devenir propriétaire d’un cheval. Une folie ? Oui ? Non ?

L’artiste était pour moi un vrai rayon de soleil, il me permettait de tenir pendant les semaines au rythme infernal de travail auquel s’était progressivement additionné du harcèlement moral de la part d’un supérieur hiérarchique. Me croyant invincible, je tenais bon et assumais le travail dans ce climat pendant plus d’un an et demi. L’artiste dans un premier temps m’a permis de tenir mais très vite j’ai succombé au si tristement populaire et mal de notre société : le « burn-out ».

Plongée dans le désarroi le plus total et la dépression, tout mon être a été remis en cause. La vie était devenue insipide. Comment était-il possible d’atteindre un tel état ? Emprise à de nombreuses questions sans réponse, j’avais l’impression de ne plus avoir de visibilité ni d’avenir. J’étais désemparée.

Mais voilà, quelques mois plus tôt, j’étais devenue propriétaire de L’artiste et il fallait s’en occuper. Ce que je fis tous les jours pendant mon arrêt. S’il m’était difficile de sortir de chez moi et d’éprouver de l’enthousiasme, le fait de m’occuper de L’artiste me faisait le plus grand bien. En véritable cheval d’école, en plus de m’apprendre l’équitation, il m’a permis de reprendre confiance en moi. Sans jugement, il m’a acceptée telle que j’étais. J’ai vécu des moments très intenses en sa compagnie. Les trottings et galopades sur la grande baie de La Baule font partie de mes plus beaux souvenirs avec lui. Petit à petit et en grande partie grâce à lui, je me suis reconstruite et ai décroché un nouveau travail dans lequel je m’épanouis pleinement.

L’artiste est un cheval magnifique et plein de puissance. Peut-être trop pour moi ? Il avait la qualité d’être le plus gentil du monde tant qu’on ne lui demandait pas de travailler. Cependant, cavalière peu expérimentée, en séance de travail, sa force me dépassait parfois jusqu’à me faire peur.

De ce fait, j’ai décidé de le donner contre bons soins à une personne de confiance. Aujourd’hui, il vit comme un pacha dans un élevage de chevaux où, d’ordinaire associable avec ses semblables, il a rencontré « l’amour ». Avec la jument phare de l’élevage, ils vivent un amour platonique. L’artiste m’a permis de concrétiser un rêve et m’a ouvert les yeux sur la manière d’appréhender la vie et de me respecter, en échange, je lui ai offert la paix et la liberté. Nous avons atteint une forme de « vie de rêve » chacun à notre manière. Ce n’était donc pas une folie ! Merci mon bel L’artiste de rêve !

L’artiste – Qalo et Lolotte – Rencontre by Audrey S

L’artiste – Qalo et Lolotte – Rencontre by Audrey S Pour la cavalcade des blogs – 25ème édition – Les rencontres

3) Où l’on apprend que le cheval en plus d’être complice et amour, il est notre source d’inspiration et notre miroir

La troisième rencontre n’est autre que mon prince « Qalo », le Qalo du blog « Qalo & Lolotte », mon cheval de cœur.  En grec « καλός » signifie beau et bon. Ce nom lui va comme un gant. Ne trouvez-vous pas ?

Comment l’ai-je rencontré ? Il n’était autre que le voisin de box de L’artiste. Je trouvais déjà ce cheval magnifique, il appartenait depuis tout jeune à un excellent cavalier qui l’a dressé et emmené en concours à un bon niveau. Un jour, au détour d’une discussion avec une amie, j’ai appris que ce magnifique cheval était à vendre. Je n’en croyais pas mes oreilles. Déjà propriétaire d’un cheval, j’ai été prise par l’envie inexplicable et non raisonnée de l’essayer et peut-être de l’acquérir.

Etait-ce une folie ? Avais-je perdu la raison ? Je me déconcertais moi-même autant que mes proches. Pourtant, quelque chose en moi m’animait et m’attirait vers ce cheval. C’est un véritable « coup de foudre » ! La Rencontre avec un « R » majuscule.

Ce cheval très bien dressé et possédant un excellent mental m’a fait progresser à une vitesse fulgurante. Il m’a permis de me reconnecter à la nature, source indispensable à l’équilibre procurant force et énergie.

S’il est vrai que la compétition donne des objectifs, mon approche de l’équitation avec Qalo est tout autre. L’amélioration de ma position pour une monte en harmonie, symbiose et discrétion, les échanges au cours du travail en liberté et la complicité et le plaisir pris pendant les balades en extérieur sont aujourd’hui mes motivations. Qalo semble l’avoir bien compris. Il m’a cerné dans mon intégralité. La complicité est à son paroxysme. Je ne peux lui mentir. Emprise au doute, heureuse, joyeuse, triste, amoureuse, étourdie, il révèle comme un miroir mon état d’esprit.

Il représente ma source d’inspiration me donnant la créativité nécessaire pour réaliser des planches de bande dessinée, des dessins et photographies que je mets en avant dans des articles sur mon blog.

Il est synonyme de complicité, amour, inspiration et passion créatrice. Quel plus beau message peut-il me donner ? Merci mon beau et bon Qalo!

Qalo – Qalo et Lolotte – Rencontre by Audrey S Pour la cavalcade des blogs – 25ème édition – Les rencontres

Qalo – Qalo et Lolotte – Rencontre by Audrey S Pour la cavalcade des blogs – 25ème édition – Les rencontres

Qalo – Qalo et Lolotte – Rencontre by Audrey S Pour la cavalcade des blogs – 25ème édition – Les rencontres

 

En conclusion, pour répondre à la question initialement posée sur le caractère hasardeux des rencontres, mon expérience me conduit à penser que « rien n’arrive par hasard » et les rencontres sont concernées. Elles font partie intégrante de notre apprentissage et notre progression selon une certaine logique. Elles nous conduisent à la prise de conscience et la réalisation de soi. Les deux citations suivantes confirment ces dires.

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » Paul Eluard

« Personne ne croise votre chemin par hasard et vous n’entrez pas dans la vie de quelqu’un sans raison. Chaque rencontre que l’on fait à sa raison d’être. » Inconnu

Un grand merci à Cavali’Erre qui de part sa thématique de la cavalcade des blogs m’a fait prendre conscience des rôles importants qu’ont joué mes trois grandes rencontres équines.

Passionnément cheval,

by Audrey S

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